lundi 29 mars 2010

Bon vent et belle vie









Je les avais installées toutes les quatre, bien serrées, sur le panier à ouvrages derrière ma machine. L'une après l'autre, j'avais cherché les traits du visage, l'arrondi des joues et la place de la bouche, le contours des yeux et l'implantation de la chevelure. L'une après l'autre avait rejoint son petit promontoire, nue d'abord, en attendant que je choisisse la tenue qu'il fallait. J'avais pris l'habitude de me sentir observée et, en cédant au machinal, je leur lançais des regards réguliers, allant des yeux bleus aux noisettes en passant par les plus foncés qui, décidément, me rappelaient la frimousse de la petite à laquelle la poupée devait ressembler.
Les enfants avaient fait connaissance. Ils savaient mieux que moi que Violette était cette petite brune habillée de pois sur fond framboise et que Thaïs aurait la petite blonde habillée de bleu pour son anniversaire. Je crois avoir un peu traîné sur la fin des préparatifs. Je ne sentais que trop ce partage entre ce qui était convenu et ce que j'osais m'avouer : je m'étais attachée à ces petites poupées faites de rien ou de pas grand chose, d'un peu de jersey de coton et de pure laine vierge, de beaucoup de temps et autant de doutes. J'avais bien souvent eu peur de cette confiance qu'on m'accordait, moi qui ne vois que les défauts, et j'ai failli reculer face au devoir à accomplir. J'ai retrouvé cette angoisse de la copie à rendre et mon envie de céder à l'appel du chemin de traverse pour faire l'école buissonnière. Et puis, sur ma lancée, j'en ai ajouté deux à la petite, toute petite collection, deux poupées qui deviendront des cadeaux d'anniversaire pour mes propres filles, n'ayant pu résister à la déclaration de désir prononcée par celle qui va faire son entrée dans l'âge de raison, celle qui m'avait entendue frémir et soupirer, douter et remettre dix fois sur le métier cet ouvrage à tisser finement. "Ma pauvre maman, quand je pense que tu n'as même pas le temps de coudre des poupées pour TES filles"... J'ai regardé Églantine et Capucine, les toutes premières petites chiffonnées à qui j'avais donné un semblant d'âme et j'ai vu les progrès de mes mains. Il y a encore des détails à affiner, des techniques à peaufiner, et c'est sans doute cela qui me pousse et m'aspire, ce sentiment d'avoir encore à apprendre avant de pouvoir dire que je sais, cet élan qui cherche à faire naître du beau dans un morceau de rien...
Elles sont parties et ne reviendront pas. L'une après l'autre, je les ai glissées dans une boîte, après les avoir regardées une dernière fois avec un mélange de soulagement et de frisson. J'ai croisé leurs jambes, installé leurs bras et déposer une feuille de soie, un peu de moi, avant de poser le couvercle et de le coller généreusement pour assurer leur sécurité. J'ai empilé les boîtes, les unes au-dessus des autres et je suis partie avec ma toute petite qui avait une dernière fois récité les prénoms, des poupées ou des fillettes qui les découvriraient bientôt. J'ai regardé bêtement le mur derrière ma machine et je l'ai trouvé bien nu. Il me faudra m'habituer, elles ne sont plus là pour m'observer avec leur air doux et bienveillant... Pourvu qu'elles fassent de beaux rêves là où on les attend.

dimanche 28 mars 2010

Fête des gosses !


Il était une fois une petite fille qui ne cherchait jamais sa maman parce qu'elle savait toujours où la trouver, entendant le ronronnement de la machine à coudre depuis n'importe quelle pièce de la maison. Elle venait souvent regarder les tissus, ramasser les petites chutes qu'elle enroulait sur son doigt ou qu'elle transformait en ruban pour ses poupées, en bandages pour ses ours, en serviettes pour sa dînette. Elle interrogeait régulièrement sa maman sur ce qu'elle faisait, curieuse de savoir si c'était pour une petite fille qu'elle connaissait. Elle ne comprenait pas comment il était possible de coudre pour un enfant dont on ignore le prénom, dont on ne sait que le tour de taille et la hauteur... Elle donnait souvent son avis sur le choix des tissus, émettant des désirs précis sur ce qui lui ferait plaisir. Toujours, la maman lui répondait "bientôt, je coudrai pour toi", avec la conscience qu'il s'agissait d'une promesse à tenir, absolument. Et puis un jour, cette maman a décidé que le Bientôt était enfin arrivé, que le dimanche devait être une journée consacrée aux envies des enfants, ceux dont elle connaît les prénoms et les traits de caractère bien mieux que les mensurations. Alors, avec sa petite fille, elle a ouvert le grand tiroir aux cent tissus et elles ont choisi ensemble celui qui habillerait ces vacances au soleil qui approchent à grands pas. La maman a couché sa petite pour la sieste en lui chuchotant qu'au réveil, sa tenue serait prête. Elle a prié pour que le sommeil de sa douce dure au moins l'heure et demie habituelle et puis elle s'est mise au travail en souriant à l'idée de la surprise qu'elle préparait et qui réjouirait celle qui avait su se montrer si patiente et jamais jalouse.

Elle cousait le petit ruban mauve quand elle a entendu la porte de la chambre du fond grincer à l'ouverture. Elle a vu sa petite fille arriver, les cheveux dans les yeux, l'air encore tout embrumé de sommeil. Alors, ne pouvant patienter plus longtemps, elle a déplié l'ouvrage pour voir exploser la joie de celle qui avait peut-être oublié dans un coin de ses rêves la promesse de sa maman. Et c'est à ce moment précis que le cher petit ange s'est mis à bouder en lançant les bras croisés : "je voulais une juuuuupe !".
La maman, qui n'en était pas à sa première petite fille, ne montra aucune déception. Elle replia délicatement la robe (que l'aînée trouvait bien plus belle que celle qui lui était destinée, forcément !) et annonça que ce n'était pas grave, qu'elle monterait au huitième étage pour l'offrir à une des croquettes coquettes qu'elle aime beaucoup... que même, elle en ferait une deuxième identique pour qu'il n'y ait pas de jalouse...
A ces mots, la coquine a changé d'avis. Elle a regardé la robe de plus près, jubilant sans doute de la préférence de sa soeur, a déclaré qu'elle avait fait une bonne blague, l'a essayée et s'est mise à son habituel "contrôle qualité", examinant les poches, à droite puis à gauche, et la capacité de "tournage" qui fait d'une robe une jolie robe, trouvant que finalement, elle était très réussie et offrant un grand Merci à sa maman qui se dit qu'après tout, il était presque plus gratifiant de ne pas assister aux réactions de celles pour qui elle cousait !












Tuto de la robe bain de soleil ICI
et Papillons LA

samedi 27 mars 2010

Label rose Bousillon et Merdouillette



(franchement pas la peine de la repasser !)




On ne sait pas pourquoi, certaines fois, tout va de travers... On a l'image de la robe qu'on veut faire, on pense savoir comment y arriver et puis... c'est le fiasco total, le bousillon de la loose !
Les biais qui doivent apparaître sur les bords d'emmanchures sont trop étroits, du coup, gros bidouillage parce que grosse flemme de tout démonter... Boutonnières qui foirent, du coup, grosses marques sur le tissu... Robe trop large donc rabiotage qui lui donne une forme de poire... un devant qui se retrouve trop étroit, du coup on met la robe devant-derrière et on se retrouve avec une encolure inversée... Petits plis pas équidistants... Gros mots qui fusent... Robe qui manque se retrouver à la poubelle... Mais deux compensations : les boutons vont bien avec le faux Liberty et le Label "Peut mieux faire" trouve toute son essence et sa légitimité... (on admirera le soin particulier apporté à la couture de l'étiquette !)
Et puis c'est pas mal d'avoir quelques piqûres de rappel de temps en temps... N'est pas Coco Chanel qui veut !



C'est pas la peine de me regarder comme ça !

jeudi 25 mars 2010

Lame vagabonde





Il portait des pantalons en toile épaisse avec de nombreuses poches un peu partout, des endroits que lui seul pouvait explorer en y plongeant la main qui savait quel trésor y trouver. Il avait la peau tannée et de larges fossettes qui dessinaient des parenthèses autour de sa bouche. J'ai longtemps cru qu'il avait joué des rôles de cow boy dans les westerns que je voyais parfois lors des émissions "la dernière séance". Il ressemblait à Kirk Douglas et sa démarche pouvait laisser penser qu'il avait chevauché pendant des années. Il portait toujours une casquette, qu'il n'enlevait que pour se recoiffer ou pour saluer les gens qu'il croisait. Tout le monde le connaissait et sa maison était toujours ouverte. Il n'était pas rare de voir la porte s'ouvrir sans que personne n'ait pris la peine de frapper, pas plus qu'il ne précisait "Entre !". La table était grande et les chaises nombreuses, alors ceux qui prenaient place naturellement dans la cuisine et dans les conversations. J'aimais les entendre parler de politique parce que je savais que les voix se feraient plus fortes, les verbes plus hauts, les mots plus gros. Il semblait si sûr de ce qu'il avançait que je lui donnais raison sans même savoir de quoi il retournait vraiment. Peu m'importait, j'étais à ma place dans cette maison, perchée sur le tabouret-escabeau, jamais très loin du setter irlandais qui s'allongeait à ses pieds sous la table en chêne... Avec lui, j'ai découvert le parfum de la paille coupée, le rythme des moissons, le goût du kéfir et celui de l'effort. J'aimais monter à côté de lui sur son tracteur ou sur ses genoux pour pouvoir tourner le volant avec la sensation de puissance que donnent la hauteur et le bruit tonitruant du moteur. Avec lui, j'ai appris les saisons, l'odeur du foin et celui du purin, la levée des oeufs encore chauds et le goût du lait mousseux qui sort du pis. Je ressens encore ce picotement sur ma peau dû aux griffures des éteules lors des moisson, quand j'avais cette sensation d'être tellement utile en réunissant quelques bottes dans un coin d'un champ immense pour me faire une cabane en attendant le passage de la remorque. Les goûters étaient copieux et j'entends encore le son métallique de la boîte en fer qu'il ouvrait pour en sortir toutes les tablettes de chocolat en me disant "mange, la gamine !". Il n'y avait que chez lui que je mangeais du chocolat au lait enveloppé dans le papier mauve. Il n'y avait que chez lui que je buvais du kéfir, sans savoir si j'aimais vraiment, mais il me semblait que je ne devais pas être faible ni même montrer des goûts différents au risque de le décevoir. Il avait des rituels et des habitudes. Il avait, dans une de ses poches, un couteau qui ne le quittait jamais. J'imagine qu'il avait pris l'habitude inconsciente de le poser chaque soir sur sa table de nuit et de le glisser chaque matin dans son pantalon, aussi machinalement qu'il serrait le bracelet de sa montre. Je n'ai jamais vu personne emprunter son couteau, celui duquel il repliait la lame avec la paume dans un geste sûr, après avoir coupé le saucisson, piqué son morceau de fromage et tranché le pain de campagne posé contre sa poitrine et amenant la lame vers lui... Quand il avait fini de s'en servir, il frottait l'acier contre le tissu qui recouvrait sa cuisse et il le glissait dans sa poche avec le soin réservé aux indispensables. Il lui arrivait de cueillir des fleurs mais plus souvent des salades dans son potager, de curer ses ongles et de tailler des morceaux de bois tout en discutant de sujets qui n'étaient jamais lui-même...
Je ne sais ce qu'est devenu ce couteau. J'aurais aimé l'avoir, je crois. Peut-être est-il allé à son fils ou bien est-il rangé dans un tiroir à souvenirs. Ce que je sais, c'est qu'en le perdant lui j'ai eu la certitude de perdre une partie de mon enfance... Cet après-midi, en cousant un étui pour le petit Opinel avec les tissus choisis par le propriétaire, ce sont toutes ces images qui se sont imposées à moi. Mon fils avait trois ans quand il l'a vu pour la dernière fois ; il se souvient de ce grand oncle qui ne pouvait respirer que grâce à un tuyau ; il se souvient aussi qu'il l'avait appelé "mon lapin" et il avait dû sentir que venant d'un homme de la terre, d'un homme de cette trempe, c'était comme une déclaration d'amour. Moi, j'étais ce que j'avais toujours été "la sacrée gamine", celle a qui il serrait les deux bras en guise d'au revoir avec ses deux mains épaisses et douloureuses, cognant parfois son front contre le mien en se forçant à sourire...
Mon fils a son premier petit couteau, celui qu'il n'oublie pas de ranger, celui dont il prend soin, se souvenant des recommandations de la vendeuse. Il l'examine et s'inquiète des petites taches sur l'acier, me gronde quand je mouille la lame. Il ne coupe sa viande qu'avec lui et rêve déjà des bâtons qu'il sculptera cet été. Il a son premier couteau, celui qui ne s'oublie pas et qui, parfois, toute une vie durant, reste au fond des poches, passant de pantalon en pantalon, d'année en année, comme un compagnon fidèle qui peut raconter une vie entière...

mardi 23 mars 2010

La Halte psy du mardi

Intéressons-nous un peu à la santé mentale des enfants de Colchique. On sait que leur mère est gravement atteinte, qu'elle quitte la table pour voir si elle a des mails, qu'elle s'est fait greffer un appareil photo pour ne manquer aucune étape de sa couture... mais qu'en est-il de ses enfants ?
Ils vont bien, merci. Ils dorment profondément, mangent sainement (Bio, c'est mieux, mais on n'est pas tous égaux au niveau de la finance et des légumes), travaillent bien en classe. Le matin, ils se lèvent, déjeunent avec le sourire, se préparent sans histoire, s'habillent (toujours la classe hein, la cravate bien assortie, jamais de violet sans une touche de rouille, jamais de rayures sans un bon gros pois !) et filent prendre la pose devant le mur qu'on leur a attribué, rapportent une foule de "Peut mieux faire "pour pas écraser leur Manman. Ils ont un esprit curieux et imaginatif, une âme poète, toujours en action. C'est un bonheur quotidien, un éclat de rire permanent, une fierté sans nom... Doués pour les mots et la musique, ils ont offert à leur Manman la plus belle des surprises...
Oui, Mesdames et Monsieur, les enfants de la Colchique vont bien. La preuve en image...



"Colique dans les prés", bientôt dans les bacs...

samedi 20 mars 2010

Gros pois et petite puce

- Titou, tu veux que je te couse une robe ?
- Oui, une robe qui tourne !!
- euh... je n'ai pas beaucoup de temps... tu ne préfères pas une petite robe avec des poches comme celle de ta soeur ?
- oui, noire, tout pareil...
- euh... c'est un peu triste le noir pour toi, tu ne trouves pas ? et puis c'est dommage de s'habiller pareil ! tiens, choisis un tissu !
- celui-là !!!
- euh... ils sont un peu gros les pois, non ? tu n'en veux pas des plus petits ? regarde, il y a du gris, du rose, du framboise, du prune...
- non, c'est celui-là que je veux !
(la grande : moi aussi !! elle va tout prendre ! je l'aime trop celui-là !!)
- bon, d'accord, on y va pour les gros pois... (oui, je suis à fond pour la paix entre soeurs !)


- elle te plaît ?

- ouiiii !!!
- Finalement, ça te va bien !
- J'te l'avais dit !



En plus, il paraît qu'elle tourne...

vendredi 19 mars 2010

Besace de printemps






Toujours le même principe :
choix des tissus, du nombre de poches, des dimensions...

Après une bleu marine pour l'hiver,
la petite dame a voulu du lin framboise
(la véritable couleur ne ressort pas vraiment !)
avec plein de poches, petites et grandes,
à l'intérieur et à l'extérieur !



Pour l'appliqué, j'avais pensé à une tête de mort ou de maure, un bousier, un dindon, un cochon... mais, n'arrivant pas à me décider et ne voulant attirer sur moi la foudre divine en choisissant la bête à bon Dieu, j'ai créé "la libellule"... Vous pourrez sans doute en voir cet été. Sachez qu'elles sont mon oeuvre personnelle... Tout comme la jolie fleur qui porte mon nom !
Oui mesdames et monsieur, Colchique est complètement barrée ! et n'hésitez pas à le dire, c'est le plus beau compliment qui soit !

Et qu'est-ce qu'on dit pour la musique qui démarre toute seule, cette putain de musique qui réveille tes gosses quand t'as pas coupé le son ou qui fait sursauter tes collègues, parce que tu blogues au boulot et que tu continues de perdre ton temps à surfer chez toi ??!!
on dit Merci Colchique !!

Allez, on se prend tous la main et on fait une grande ronde en chantant ! ouais ! Bonpoint a sorti sa collection de printemps, c'est le bonheur ! J'suis comme une balle ! ça me met les hormones en total liberty ! J'vais pouvoir copier !! héhé !

mercredi 17 mars 2010

Tuto de la combinette pour poupée


Avant de commencer, faites un essaie de smocks sur une chute du tissu que vous avez choisi pour voir si celui-ci fronce bien. Bien tendre le fil élastique dans la canette et coudre à points larges.


Mesurer la poupée au niveau de la poitrine et multiplier par 3,5 ou 4 environ pour avoir la largeur du tissu à couper. Pour la longueur, mesurer des épaules aux chevilles.
Coudre un côté.



Replier un des bords sur 5 mm, appliquer au fer (accessoire indispensable pour un travail soigné !) et plier de nouveau pour faire un petit revers. Coudre.


Poser la pièce, couture sur un côté. Déterminer le milieu.


Mesurer la hauteur poitrine/entrejambe et marquer l'emplacement sur le tissu. Fendre l'entrejambe et découper un arrondi en enlevant environ un cm de chaque côté de la fente.


Coudre l'entrejambe.



Faire un petit ourlet et smocker à la machine le bas des jambes.



Faire quelques rangées de smocks en commençant par le haut, le plus près possible du revers mais sans empiéter sur celui-là qui ne froncera pas correctement du fait de son épaisseur.


Coudre 4 petits liens ou rubans au niveau des épaules... et voilà !



mardi 16 mars 2010

T'as l'étiquette chic, t'as l'étiquette choc !





(encore merci maman chérie, pour cette frange si jolie !)

Résultat du conseil de classe...

- Élève Colchique !


- Euh, oui maîtresse...


- Il paraît que vous perdez souvent le fil des explications, que vous froncez les sourcils... Je vous rappelle qu'il ne faut pas smocker de ses camarades ! Vous ne vous tenez pas à carreaux et vous allez trop souvent au piqué... Vous ne méritez pas de Bonpoint ! Quand on vous demande de parler d'un sujet, vous vous mettez à broder ; vous biaisez mes questions... (Restez polie Esther !) Avec vous, c'est pas coton ! Nous sommes au bout du rouleau. Vous savez, votre bobine ne revient pas à tout le monde. Vous n'avez pas le prix de la camaraderie... Loin de moi l'idée de vous coller à vie une étiquette, une marque indélébile, mais vous me copierez quand même cinquante fois l'appréciation de votre livret de notes !



Merci Maîtresse Crapouille ! déjà que j'aimais pas coudre les étiquettes sur les vêtements de mes enfants, maintenant, il faut que je pense à ajouter ça à mes brouillons de bidouille !
Si je te dis que je n'aime pas les Vespas, tu m'en offres une ? ;)


Addendum d'Edith : ce n'est bien sûr pas Dame Crapouille qui a choisi ce qu'il fallait broder sur les étiquettes !

dimanche 14 mars 2010

Petits tissus de secours

Des chaussures, j'ai toujours préféré leurs boîtes, juste pour le plaisir d'imaginer ce que je pourrais ranger dedans. Il m'est arrivé souvent de sortir d'un magasin avec aux pieds ce que j'avais choisi pour remplacer ce qui était usé jusqu'à la semelle mais je crois n'avoir jamais laissé la boîte de cette paire neuve, celle qui sent encore le cuir et qui garde sur un de ses côtés la description, le dessin et le prix de ce qui faisait ses premiers pas sur une longue route... Je ne me prends pas à rêver devant les étalages de ballerines et d'escarpins. Je me sens perdue dans un magasin, entourée de tous ces pieds exposés, tournés dans le même sens dans un équilibre précaire. Je ne suis bien que nus pieds, quand je fais connaissance avec le sol qui m'accueille, quand rien ne me serre, quand rien ne me perche. J'aime l'été pour la légèreté de mes pas... Des parfums, j'ai toujours aimé les flacons plus que les fragrances, les gardant une fois vides, sans trop savoir pourquoi, sans chercher à contrer leur inutilité, appuyant parfois avec un secret espoir enfantin que du contenant vide il sortirait quelques vapeurs de ce qui n'était plus qu'un souvenir sur ma peau. Quand un ruban entourait la boîte, je le gardais aussi précieusement qu'un bouton trouvé par hasard, l'enroulant machinalement sur mon doigt avant de le ranger avec ses semblables... Des vêtements, j'ai les couleurs et la texture, l'idée de moi dans les étoffes, le rêve des occasions pour les porter, autant de petits songes qui se passent d'achat, qui s'abreuvent de courtes errances dans les rayons, juste pour le plaisir des yeux. Je me sens souvent noyée quand il y a trop de choses autour de moi, trop de bruit et trop de mouvements. Aller de boutique en boutique n'est un plaisir que si ce n'est pas pour moi, même si je dois me heurter au doute permanent suscité par le choix... Des beaux sacs, j'ai toujours aimé l'idée de la souplesse de leur cuir et de l'usage que je pourrais en faire. J'ai toujours rêvé d'avoir un beau sac de voyage qui ressemblerait aux anciennes sacoches de médecin, dans un cuir doux et robuste, dans les tons acajou. J'ai surtout aimé les rêves de voyage qu'il aurait pu accompagner et la façon dont j'aurais disposer mes affaires à l'intérieur, tout en savourant le cliquetis de la fermeture étrange placée sous la poignée... A l'agréable, j'ai toujours préféré l'utile, parce qu'il reste dans la conscience de mes gestes le souvenir de ces années de sécheresse où je savais mieux que quiconque le prix d'une demi-baguette et d'un litre de lait, où je savais au centime près ce qui garnissait mon porte-monnaie, où je savais que le luxe ne porte pas de grande marque sur les belles avenues, que c'est juste ce qu'on peut avoir en franchissant un pas minuscule qui éloigne de l'indispensable... Je sais résister sans peine, reposer ce qui me plaît en me disant que ce n'est pas raisonnable d'avoir deux sacs ou trois paires de chaussures, que j'ai déjà un pull noir et tant de vêtements oubliés à la base de la pile... J'ai longtemps pensé que j'étais un peu étrange autant qu'étrangère à celles qui revenaient, souriantes, après une journée passée à voler d'un magasin à un autre, toutes à la hâte de montrer leurs trouvailles. Ce plaisir m'était lointain... Je sais désormais cette petite voix que rien ne peut étouffer, cette ivresse de prendre vite, vite, l'objet convoité, cette peur de ne pas l'atteindre et de ne pas le faire sien. Je sais cet élan qui fait oublier la fatigue et les impératifs, poussant à courir loin de la maison qui garde mille choses à accomplir, pendre un puis deux puis trois métros, juste parce que j'ai entendu parler de petits pois, de fleurs et de lin. Je sais les pas pressés avec cette petite peur puérile de trouver porte close ou stock en rupture. Je sais ce plaisir tellement matériel, tellement innocent aussi, de poser sur mon bras gauche sans vraiment réfléchir des piles de coupons et tout autant d'envies de petites tenues légères comme le prix au mètre. Je sais l'ivresse de sentir la raison étrangère à tout ça, les deux petites voix intérieures qui se répondent et s'entrechoquent, l'une disant que c'est de la folie, que je n'aurais jamais assez d'une vie pour venir à bout de tous ces mètres de tissus, et l'autre répondant que c'est délicieux et que ce sont des projets bien pliés auxquels il faudra donner du relief, que ce n'est pas inutile, qu'il y en a aussi un peu pour des amies et que c'est aussi ainsi que les souvenirs s'écrivent, juste dans un petit imprimé qui marque une enfance, une petite robe unique qui grave un événement, qu'il faut bien une petite réserve, au cas où et qu'il ne faut jamais risquer de regretter d'avoir laissé passer sa chance comme on laisse glisser sa main sur les fibres mêlées...

vendredi 12 mars 2010

On joue à la marchande ?







Lancement du "Colchithon" :
sauvez Colchique qui a craqué
pour un tissu avec des étoiles !



Petit sac à anses, doublé en piqué blanc ou vichy noir et blanc,
dimensions : 27 x 31 cm

Prix : 7 €



Foulard carré,
dimensions : 48 x 48 cm,


Prix : 4,50 €


Un petit mail à cecile_barthelemy@yahoo.fr et le tour est joué !